L’Orbieu verse sa cascade minuscule qui fait la joie estivale de générations de névianais, pêcheurs ou baigneurs. Le nom de ce cours d’eau vient du terme Or bieu (Or blau en occitan) qui signifie Or Bleu, nom très significatif de l’eau rare et précieuse des Corbières.
L’Orbieu, long de 84 km, nait au nord de la commune de Fourtou, dans le canton de Couiza, à 700 mètres d’altitude. Il traverse le massif de Mouthoumet, les contreforts de la montagne de l’Alaric. A Fabrezan, le cours d’eau quitte les Corbières et serpente jusqu’à son confluent l’Aude au travers de nombreux villages. L’Orbieu est une rivière sujette à de grosses sautes d’humeur, et nous avons tous en mémoire les terribles inondations de novembre 1999.
Les aménagements en bordure de ruisseau datent pour la plupart des siècles passés : des ponts, des gués, des moulins – dont celui de St Jamme sur le territoire de Névian -, des châteaux et une abbaye, Ste Marie de Lagrasse.
Guillaume d’Orange (750-814), comte de Toulouse, marquis de Septimanie, cousin de Charlemagne et petit-fils de Charles Martel est vaincu en 793 sur les rives de l’Orbieu du côté de Laparre et Villedaigne face à une immense armée maure commandée par l’Emir de Cordoue Hicham. Cette défaite marquera toutefois le retour des maures au-delà des Pyrénées.
Jacques Filhol
Jacques FILHOL, 87 ans, demeurant dans sa famille à Névian, est sans doute le dernier Français à percevoir par hérédité (de père en fils ainé uniquement) une forme de solde allouée aux anciens combattants méritants des campagnes napoléoniennes. D’un montant de 5.71 franc-or annuels (une fortune à l’époque !), alloué par l’Etat, ce pécule né d’un décret datant du mois de mai 1804, a traversé le temps pour s’éteindre un jour avec ce descendant de grognard, célibataire sans enfants.
Tout a débuté sur le champ de bataille de Iéna, le 14 octobre 1806, Napoléon, empereur des Français, auréolé de la gloire d’Austerlitz livre, face à la redoutable armée prussienne, une bataille sans merci. Les pertes françaises sont lourdes, les grognards tombent par milliers.
Mais l’ennemi, lignes de communication coupées, est en déroute. Par les curieux hasards de l’histoire, l’Empereur croise en ce jour de victoire, parmi les blessés, le chemin de Pierre FILHOL, un canonnier du 4e régiment d’artillerie, né à Montréal. Le pauvre garçon git à côté d’un canon, la jambe arrachée par un éclat d’obus.
« Soldat, que fais-tu ? » demande ému, Napoléon. « Je veille à mon poste » répond le jeune Audois. « Je me souviendrai de toi » murmura alors l’Empereur après avoir noté son nom.
Napoléon tiendra parole en récompensant Pierre FILHOL du rare titre de Majorat de France (l’ancêtre de l’actuelle Légion d’Honneur) pour acte de bravoure sur le champ de bataille. Ce titre honorifique est accompagné du solde-or annuel, d’une splendide baïonnette et d’un verre marqué de la lettre « N » tiré de la collection personnelle de l’Empereur.
Le descendant de cet illustre grognard demeure depuis plusieurs années à Névian, entouré de la famille Marrel, où il continue de percevoir la solde « inaltérable et insaisissable» du grognard méritant, comme l’on fait avant lui son père et son grand-père, depuis 1806 !